Saynètes : des professionnels des maladies neurologiques en Bretagne à votre écoute

Saynètes

Histoire de vie du patient

 

Jean est âgé de 80 ans, il vit à domicile avec son épouse Marie avec qui, il est marié depuis 60 ans. De leur union, sont nés trois enfants.

Jean et Marie ont 9 petits-enfants ainsi qu’un arrière petit-fils.

D’après Marie, les troubles cognitifs de Jean ont débuté de manière insidieuse deux années auparavant. Initialement, les difficultés de Jean concernaient principalement le rappel des événements récents mais progressivement Jean a constaté une tendance à chercher ses mots, des difficultés à suivre les conversations et à s'organiser pour effectuer certaines tâches, ce qui a engendré une perte progressive de l’autonomie de Jean dans les actes de la vie quotidienne.

Au domicile, la vie du couple est mise à mal en raison de l’évolution de la pathologie de Jean. Marie ne sait pas toujours comment réagir face à cela et oscille entre des sentiments d’empathie, de colère et d’épuisement.

Nous avons choisi de vous exposer des scènes fictives de la vie quotidienne de Jean et Marie.

 

Les actes de la vie quotidienne

Le changement des habitudes alimentaires et/ou de l'appétit

Jean fait les cent pas dans la maison.

- Marie : Jean, veux-tu venir t’asseoir auprès de moi pour manger le repas?

- Jean : Oui (Jean s’installe mange quelques bouchées et se relève pour marcher)

 

Jean a besoin de déambuler. En effet, Dans la maladie d'Alzheimer ou maladies apparentées, il arrive parfois que Jean ne puisse pas s'empêcher de déambuler afin d'évacuer ses angoisses, celles-ci pouvant être liées à la perte de ses repères et/ou à un sentiment d'insécurité. De ce fait, il est important de le laisser faire afin qu'il puisse s'apaiser.

 

Notre conseil : n’hésitez pas à privilégier les aliments dits "nomades" pouvant être mangés avec les doigts, disposez-les dans des coupelles à portée de mains et de vue de la personne afin de stimuler son appétit.

 

Jean mange peu, il grignote n’importe quoi à n’importe quel moment de la journée

Il peut s’agir d’un changement de ses habitudes alimentaires et/ou d’une perte de la sensation de satiété.

Marie prépare la table et Jean se trouve devant la télévision.

- Marie : Jean, il est 12h c’est l’heure du déjeuner

- Jean : J’arrive ! (Jean s’installe pour le repas et entreprend de manger)

 

Jean a besoin de repères temporels car il ne ressent pas comme vous le besoin de se nourrir.

 

Jean reste figé devant son assiette

- Marie : Veux-tu que je t’aide mon chéri ?

- Jean : je ne sais pas.

- Marie : … je vais t’aider (elle se place près de lui à sa hauteur, prend son avant-bras pour initier le geste à effectuer pour porter les aliments à sa bouche).

 

Avec l'évolution de la maladie, des troubles praxiques peuvent s'installer c'est-a-dire que la personne ne va plus savoir comment utiliser les couverts pour s'alimenter.

 

Dans cette situation, Marie a aidé Jean tout en veillant à le laisser faire seul afin de préserver son autonomie et ainsi limiter le sentiment de frustration.

 

La toilette

- Marie : «Tu viens te doucher ? »

- Jean : « Non. Je le ferai une autre fois ». Marie sait bien qu’il n’en sera rien.

- Marie : « Pourquoi ne veux-tu pas te laver ? »

Jean ne répond pas. Marie lui demande alors :

- Marie : « Pourquoi n’aimes-tu plus te doucher ? »

Jean hausse les épaules. Il ne sait que répondre. Marie essaye de comprendre :

- Marie: « La pièce n’est pas assez chauffée ? »

- Marie « Cela te gêne que je t’aide ? »…

Petit à petit, à force de douceur et de patience, Marie parvient à aider Jean à se confier.

- Jean : «C’est gênant oui. Et puis, je préfère me doucher avec un gant de toilette, pas uniquement avec les mains. Quant à la salle de bain, elle est toujours trop froide, comme l’eau. Peut-être que pour toi ça va, mais moi, je préfère quand l’eau est brûlante ».

 

Un manque d’initiative, une perte de repères, mais aussi une peur nouvelle du contact avec l’eau, peuvent entraîner un laisser-aller relatif à l’hygiène corporelle.

 

L’Habillage

Jean n’est plus coquet

Jean est de nouveau en jogging. Marie se désole «Toi qui était si élégant ! »

Jean lui répond : «Je me sens bien dedans.».

- Marie : «Oui, d’accord, c’est confortable. Mais tu as des vêtements qui sont tout aussi agréables à porter et qui sont plus appropriés pour sortir».

- Jean : «Je ne vois pas desquels tu parles. C’est moi qui les choisis de toutes façons»

- Marie : «Viens. Je te propose qu’on jette juste un coup d’œil ensemble.»

Marie et Jean se rendent alors dans la chambre. Marie trie les vêtements.

- Marie : «Regarde ! ce pull est bien souple, par-dessus un tee-shirt à manches longues, et avec ce pantalon, tu seras sûrement à l’aise. Et tu ne seras que plus élégant ! »

- Jean : «Je ne sais pas».

- Marie : «Faisons le test. Essaies ! ou tu essaieras demain si tu ne souhaites pas te déshabiller à nouveau ce matin».

 

Jean ne change pas régulièrement de vêtements

Marie est gênée. Elle ne sait pas comment aborder le sujet avec Jean… Depuis plusieurs jours, elle note un laisser-aller. Il ne change plus systématiquement ses sous-vêtements ou encore les habits quand ils sont tachés.

- Marie : «Mon chéri, tu pourrais changer tes affaires aujourd’hui.»

- Jean : «Non, ce n’est pas la peine. Je l’ai fait hier.»

Marie sait bien qu’il n’en est rien. Mais Jean en est persuadé ; sa mémoire lui fait défaut.

Discuter est parfois délicat. Jean n’a plus sa logique d’antan. Marie décide de faire un petit semainier.

- Marie : «Regarde Jean ! Je te propose que lorsque tu t’habilles, tu inscrives ta tenue du jour sur ce petit semainier. Histoire de savoir où nous en sommes…».

- Jean : «Je n’en vois pas l’intérêt».

- Marie : «Mon chéri, si tu le fais, ça m’aidera. Ce sera plus simple pour moi pour gérer le linge, les lessives.».

- Jean : «Pour t’aider, je veux bien essayer».

 

Les troubles mnésiques font oublier de changer les vêtements. La dépression et l’apathie  enlèvent l’envie de plaire et de se plaire. La personne peut ne plus prêter attention à son allure.

 

Notre conseil : il s’agit d’aider au mieux Jean à garder son autonomie tant dans les gestes que dans ses goûts vestimentaires. Privilégiez la discussion lorsque cela est possible. Proposer des solutions est moins source de conflit que d’imposer les choses.

 

La conduite automobile

Jean est parfois imprudent sur la route, et il lui arrive d’avoir des difficultés à s’orienter. Marie a peur pour lui, et pour les autres conducteurs

- Marie : «Jean, je trouve que tu ne conduis plus comme avant»

- Jean : «Qu’est-ce que tu racontes ?! Je suis toujours aussi à l’aise.»

- Marie : «Moi, j’ai peur. Tu mets plus de temps avant de freiner ; parfois, tu sembles ignorer la route à prendre ; te garer est devenu un vrai casse-tête »

- Jean : «Ca fait plus de cinquante ans que je conduis et pas un seul accident!»

- Marie : «Et c’est très bien ! Mais maintenant, ta conduite est devenue dangereuse. Tu ne t’en rends pas compte…»

- Jean : «Hors de question que je ne puisse plus utiliser la voiture !»

- Marie : «Peut-être pourrions-nous envisager de faire quelques séances en auto-école afin de faire le point ? Ca me rassurerait et toi, ca te permettra de te perfectionner»

 

La conduite automobile est synonyme d’une certaine indépendance. Il peut donc être délicat d’imaginer de l’arrêter.

 

Notre conseil : il est important d’en parler avec votre proche, d’expliquer la raison de votre demande.

- Vous pouvez aussi lui proposer de donner la voiture à quelqu’un qui lui est cher. Cela a quelque chose de valorisant ; et la voiture reste dans l’entourage. Votre proche participe à cette démarche. Ainsi, il vivra moins péniblement la perte de sa voiture.

- La parole d’une tierce personne, professionnelle, aura peut-être davantage de poids auprès de votre proche (médecin généraliste, spécialiste).

- Si le dialogue est conflictuel, vous pouvez mettre en panne la voiture ou «égarer» les clés de la voiture. Votre proche sera alors contraint de ne plus conduire.

- En dernier recours : vous pouvez écrire au Préfet en décrivant la situation et ses risques. Votre proche passera alors devant une commission qui peut prononcer, avec l’appui d’une expertise médicale, la suppression du permis de conduire.

 

La désorientation spatiale

- Marie : « Eh bien Jean, tu en as mis du temps pour aller chercher le pain ! Qu’est-ce qui t’arrive ? »

- Jean : « Je ne retrouvais plus mon chemin sur le retour, j’ai réussi à aller jusqu’à la boulangerie mais impossible de me rappeler par quel chemin j’étais arrivé et quel chemin mène à la maison… »

- Marie : « Mais tu fais ce chemin tous les jours ! »

- Jean : « Je sais, c’est pour ça que ça m’angoisse, je ne comprends pas ce qui m’arrive. »

 

La désorientation spatiale désigne la perte (brutale ou chronique) de repères spatiaux. Un jour comme un autre, votre proche peut ne plus savoir comment revenir chez lui alors qu’il a pourtant l’habitude de faire le chemin.

 

Les premiers épisodes de désorientation spatiale peuvent être extrêmement choquants pour la personne désorientée mais également pour l’entourage. Ces épisodes surviendront ensuite au domicile.

- Jean : « Marie, on est où là ? »

- Marie : « Mais on est à la maison, chez nous ! »

- Jean : « Mais non, viens, on rentre maintenant. »

- Marie : « Regarde, tu vois bien là, c’est notre chambre. Regarde, ce sont tes habits ».

- Jean : « Ah oui, tu as raison… »

 

Notre conseil : Evitez tout changement répété concernant l’emplacement des meubles. Il peut être intéressant de mettre en place des pictogrammes au domicile, par exemple pour les toilettes, la salle de bain ou les chambres, afin d’orienter au mieux votre proche lorsqu’il ne sait plus où se situe telle ou telle pièce.

 

Pour rassurer votre proche, une brève sortie à l’extérieur sous forme de ballade suivie du retour au domicile peuvent suffire à réorganiser ses repères spatiaux. Il est souvent inutile d’aller à l’encontre de ses propos, la personne malade possède sa propre logique et la vôtre lui échappe.

- Jean : « Je veux rentrer, ce n’est pas chez nous ici, tu dis des bêtises. »

- Marie : « D’accord Jean, viens, on rentre à la maison. »

Jean et Marie font le tour de leur résidence, perdent de vue un bref moment leur domicile pour revenir enfin devant chez eux.

- Jean : « Tiens, tu vois, nous sommes rentrés cette fois-ci ».

- Marie : « Oui, c’est bien chez nous. »

 

Partir en vacances

- Marie : « Nous voudrions partir en vacances, mais nous ne savons pas s’il est possible de le faire. »

- Jean : « Pourquoi ça ne le serait pas ? »

- Le médecin : « Vous pouvez le faire, Jean est bonne santé physique et vous en avez envie tous les deux. Ça vous serait très bénéfique. Il faut simplement veiller à ne pas trop chambouler les habitudes tout en instaurant du changement, mais aussi respecter quelques points pour que ça se passe bien. »

- Marie : « Et si Jean est trop perturbé là-bas ? »

- Le médecin : « Il peut être intéressant, si vous partez seuls, de se renseigner sur les différentes aides possibles sur place ».

 

Si vous voulez partir en vacances avec votre proche, mais vous vous demandez s’il est encore possible de le faire ? Il faut évaluer au cas par cas ces possibilités. Pour cela, une consultation avec le médecin traitant ou le spécialiste semble nécessaire.

 

Notre conseil :il peut être préférable de réduire les distances et la durée d’un séjour pour un premier essai, le temps d’un week-end par exemple. En réduisant les distances et la durée du voyage, vous limitez la fatigue et les risques de désorientation.

En partant avec votre proche mais aussi avec d’autres personnes de confiance, vous pouvez vous relayer le rôle d'aidant durant ce séjour. Dans le cas contraire, se renseigner sur de possibles aides sur place peut être bénéfique, comme des auxiliaires de vie qui vous accompagneraient.

Réinstaurer les habitudes dans le changement est également recommandé durant le séjour : vous pouvez respecter le rythme journalier habituellement suivi au domicile. Cela permet d’éviter de le perturber.

 

Les manifestations comportementales

Les déambulations

Marie est en train de dormir lorsqu’elle entend du bruit dans le salon. Elle se lève et découvre Jean qui est en train de marcher dans le salon, puis qui se dirige vers la cuisine, à la recherche de quelque chose. Il ne semble pas étonné de la voir en robe de chambre.

- Marie : « Jean, qu’est-ce que tu fais?! Il est 3h du matin ! »

- Jean : « Je vais manger il faut que l’on aille faire les courses ensuite. »

- Marie : « Mais enfin, tout est fermé nous sommes en pleine nuit ! »

- Jean : « Si on ne va pas faire les courses on n’aura plus rien à manger, il faut qu’on y aille ! »

 

Votre proche se réveille la nuit, fait les cent pas dans la maison, regarde la télé, se comporte comme en journée. Il s’agit de déambulations nocturnes, qui peuvent ne pas avoir de but tout comme être orientées vers un objectif.

 

Ce type de comportement est l’expression d’une angoisse, d’un stress, qui peut survenir de jour comme de nuit. La personne qui déambule fait les cent pas, généralement sans avoir de but, et peut se focaliser sur quelque chose qui attire son attention. Afin de rassurer votre proche, il est important d’instaurer un dialogue dans ces cas-là, afin d’évaluer la situation.

 

Jean erre dans la maison sans s'arrêter

- Marie : « Jean, pourquoi est-ce que tu ne t’arrête pas de marcher ? Tu veux que l’on sorte ? Tu veux voir quelqu’un ? Tu veux manger quelque chose ? »

- Jean : « Oui tiens, j’aimerai bien manger. »

 

Notre conseil : afin de prévenir ces situations, il est important de supprimer ce qui peut attirer l’attention de votre proche et le mettre en danger, comme les ustensiles de cuisine par exemple. A contrario, il peut être intéressant de laisser de la nourriture préparée ou de quoi s’occuper sans se mettre en danger (ménage, détente) afin d’attirer l’attention de votre proche durant ces épisodes déambulatoires.

 

Votre proche qui déambule retournera se coucher une fois fatigué, s’il s’est occupé ou que l’angoisse a diminué. En journée, votre écoute sans le contrarier permettra d’apaiser ces épisodes parfois éprouvants. Même en journée, il est important de le laisser se reposer si vous remarquez que ces déambulations le fatiguent.

- Jean : « Ça fait du bien de manger, je crois que je vais aller me coucher. Il est tard, d’ailleurs. »

- Marie : « Bonne nuit Jean. »

 

L’agressivité

Jean fait les cent pas dans la maison, il semble agité.

- Marie: Que se passe-t-il Jean?

- Jean: Je veux rentrer à la maison! (il pousse violemment Marie afin de sortir)

- Marie: Mais c’est chez toi ici!

- Jean: Non ce n’est pas chez moi!

 

L'agressivité va être un moyen d'expression pour la personne malade. En effet, ne pouvant plus verbaliser son mal-être par des mots elle tente alors de l'exprimer à travers son comportement.

 

L'agressivité verbale et/ou physique est l'expression d'un mal-être, d'une frustration.

- Marie : Où se trouve ta maison mon chéri ?

- Jean : A X !

- Marie : Comment était ta maison ?

- Jean : c’était une ferme

- Marie : Tu as de bons souvenirs là-bas?

- Jean : Ho oui avec mes frères et sœurs !

(Jean et Marie s’installent tous les deux pour discuter des souvenirs d’enfance de Jean).

 

Au cours de la maladie, les souvenirs anciens vont être mieux préservés que les souvenirs récents. De ce fait, la personne ne va pas se rappeler de son lieu d'habitation actuel mais plutôt de celui de son enfance.

Le fait d'évoquer son désir de rentrer à la maison peut être un moyen de manifester son mal-être, son sentiment d'insécurité dans ce lieu inconnu en raison de ses troubles mnésiques.

Prendre le temps d’en parler va permettre d’apaiser les angoisses de votre proche.

Il est préférable de valider ses émotions en suivant sa logique tout en essayant d'employer des tournures au passé afin de l'orienter peu à peu vers les repères temporels actuels.

 

Les idées fixes

Jean : Je dois aller chercher les enfants à l’école !

Marie: Tu n’as pas besoin d’aller chercher les enfants à l’école se sont des adultes maintenant !

Jean : Non ! je dois y aller (Jean commence à se montrer agressive envers Marie).

Marie : tu sais Jean (sur un ton calme), nos enfants travaillent maintenant, ils ont leur vie.

Jean: je le sais ! mais je dois aller les chercher !

Jean et Marie s’assoient et prennent le temps de discuter de leurs souvenirs avec leurs enfants.

 

Jean est persuadé de quelque chose mais ne veut pas entendre raison, il s’agit d’idées fixes fondées sur sa propre logique mise en place pour combler les “vides” liés aux troubles cognitifs.

Jean se trouvait perdu, dépossédé de son rôle de père et nostalgique de cette époque révolue et avait besoin d’en parler afin de se sentir apaisé.

 

Notre conseil : il est préférable d’éviter de vouloir raisonner votre proche à tout prix car sa logique à lui est différente de la vôtre .

 

Les hallucinations

Jean est persuadé de voir des choses étranges dans sa maison :

- Jean : « Il y a un chien dans la maison ! Et qui sont ces gens dans le salon ? »

- Marie : « mais non, il n’y a personne enfin tu dis n’importe quoi ! »

- Jean : « Mais puisque je te dis que j’ai vu un homme passer dans le couloir il y a un instant ! Je sais ce que je dis quand même ! Il faut que j’aille voir, ce n’est pas normal ! »

 

Jean croit voir des choses imaginaires, il s’agit d’images créées par son cerveau.

 

Jean perçoit réellement ce qu’il décrit ; il est persuadé que cela existe vraiment et l’on comprend donc que cela puisse créer des angoisses.

 

Notre conseil : il faut essayer de le rassurer:

Marie : « Je te crois, mais je t’assure qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Ce que tu vois n’est pas la réalité. Tu es en sécurité ici. »

 

La dépression

Depuis quelques semaines, Jean semble triste. Il s’isole, ne participe plus aux conversations. Cela inquiète Marie, qui décide d’en parler avec lui :

- Marie : « Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu as l’air préoccupé, quelque chose t’angoisse ? »

- Jean : « Je ne suis plus bon à rien, j’ai l’impression d’être inutile. Je ne sais plus comment m’occuper, avant je bricolais, j’avais mon rôle dans la maison ! Mais aujourd’hui… » - il soupire.

- Marie : « Je comprends, ce n’est pas facile de se sentir diminué. Mais tu sais tu es toujours utile à beaucoup de choses ! Tu m’aides à faire la cuisine, tu vas chercher le pain, tu débarrasses… et puis surtout on discute, on fait des choses ensemble. C’est important pour moi ! Allez, fais-moi un sourire ».

Jean se déride un peu :

- Jean : « oui, tu m’exploites un peu trop d’ailleurs dans ta cuisine ! Tu en profites bien hein ? Bon, je vais essayer d’être moins bougon. Mais c’est vrai que ces temps-ci, j’ai du mal à me motiver, tout me paraît sans intérêt. J’aimerais retrouver l’énergie que j’avais avant ! Mais c’est pas facile ».

 

La dépression c’est la perte du plaisir, de « l’élan vital ». La personne a tendance à se dévaloriser, se replier sur elle-même, peut se montrer anxieuse. Il y a une perte d’intérêt pour les choses que l’on affectionnait.

 

Notre conseil : Il est important de consulter le médecin traitant, qui jugera si les signes montrés par Jean correspondent à un état dépressif et qui pourra l’aider à surmonter cette période.

L’aide d’un psychologue peut également s’avérer utile : les médicaments antidépresseurs, couplés à une psychothérapie ont en effet plus d’efficacité.

Marie peut aussi essayer de valoriser Jean en mettant l’accent sur ce qu’il sait faire encore, et l’amener à trouver des moments de plaisir et de détente en cherchant des activités qu’il aime.

 

Les troubles cognitifs

Capacités de raisonnement, d'adaptation et de jugement (FONCTIONS EXÉCUTIVES)

Jean, comme à son habitude, décide aujourd’hui de mettre de l’ordre dans les papiers. Il s’installe à son bureau et prend la pile de courriers accumulés depuis plusieurs semaines. Marie entrouvre la porte, se réjouit de le voir prendre cette initiative et lui dit : « bon je te laisse, je vais faire des courses ! »

Lorsque Marie revient 1 heure plus tard, elle retrouve Jean prostré devant son bureau.

- Marie : « Qu’est-ce que tu as ? »

- Jean : « Je n’arrive pas, je ne comprends pas ». « Je ne sais pas par où commencer ! »

Les papiers sont étalés en désordre tout autour de lui.

- Jean : « je ne sais plus comment m’y prendre, comment classer les choses. Je commence quelque chose et puis je m’arrête, je m’éparpille ».

- Marie : « Ne t’inquiètes pas, nous allons le faire ensemble, je vais te guider ».

 

Les fonctions exécutives correspondent aux capacités nécessaires à une personne pour s’adapter à des situations nouvelles, c’est-à-dire non routinières.

Il nous arrive d’être confrontés à des situations nouvelles ou complexes, pour lesquelles il n’y a pas de réponse automatique ou immédiate. Dans ces situations, il n’y a pas de solution toute faite. Il est nécessaire de faire des choix et de prendre des décisions. Un plan d’action doit être élaboré et mis en œuvre.

 

Notre conseil : lorsque Jean se trouve confronté à ces situations, Marie peut l’aider par exemple en préparant avec lui l’activité afin qu’il n’ait à portée de main que ce dont il a besoin, ou encore en inscrivant sur un papier les étapes à suivre.

 

L’attention, la concentration

Jean et Marie sont invités ce soir chez des amis. Lors du dîner, les conversations vont bon train. Mais Jean semble absent, il ne réagit pas aux blagues des uns et des autres, regarde par la fenêtre…

En rentrant chez eux, Marie l’interroge :

- Marie : « Tu n’as pas aimé la soirée ? Tu semblais ailleurs durant le repas ».

- Jean : « Je ne supporte plus tout ce bruit. Ca me fatigue, je n’avais qu’une envie c’était de rentrer à la maison ».

- Marie : « Ah bon ? Pourtant d’habitude tu apprécies quand nous nous retrouvons avec les amis ».

- Jean : « Je sais, mais là je n’arrive plus à suivre quand il y a tout ce monde. Je préfèrerais qu’on sorte moins souvent ».

- Marie : « Je comprends, si tu veux la prochaine fois on ira juste prendre le café, peut-être en plus petit comité ? Ca te conviendrait mieux ? »

- Jean : « Peut-être. En tout cas on pourrait essayer ! »

 

L’attention nous permet de filtrer ce qui provient de notre environnement. On peut se concentrer sur un élément donné tout en ignorant les bruits autour de nous sans que cela nous coûte.

Avec la maladie, les capacités attentionnelles diminuent. Il peut être plus difficile pour Jean de porter attention à plusieurs choses à la fois, de focaliser son attention dans un environnement bruyant.

 

Notre conseil : il est préférable de prévoir des sorties moins longues, de réduire le temps des activités pour Jean. Marie peut organiser les journées de manière à faire ce qui demande le plus de concentration le matin, lorsque Jean est plus vigilant. Elle peut aussi veiller à limiter les sources de distraction, les bruits environnants lorsque Jean doit se concentrer, pour lire par exemple.

 

L’anosognosie

Marie remarque que son époux oublie de plus en plus de choses. Ils se rendent tous les deux chez le médecin sous l’insistance de Marie :

-Le médecin : « Alors qu’est ce qui vous amène ?

(Jean regarde sa femme mais ne dit rien)

-Marie : Je trouve que mon mari oublie beaucoup de choses, il faut lui répéter tout le temps ce qu’il doit faire ; il pose les mêmes questions à longueur de journée…

- Jean: et toi ? T’oublies jamais rien ?

- Le médecin à Jean : Vous trouvez votre mémoire comment ?

- Jean : Je n'ai pas de problème…Et puis vous savez avec l’âge… »

 

L’anosognosie est un symptôme qui fait souvent partie de la maladie d’Alzheimer. Cela n’a rien à voir avec le déni qui est un processus psychologique de défense. Votre proche ne fait pas exprès de nier ses troubles. Il vaut mieux ne pas essayer de lui faire entendre raison.

Si vous souhaitez en discuter avec le médecin, vous pouvez en parler seul à seul pour éviter toute réaction d’énervement ou d’agressivité.

 

La prosopagnosie

Marie rend visite à Jean à la maison de retraite

- Marie : « Bonjour, comment vas-tu ?

- Jean : Vous êtes qui ?

- Marie (surprise) : Ben, je suis ta femme quand même !

- Jean : Ma femme ?

- Marie : Oui ! Marie, ta femme ! Regarde (elle montre le mur). C’est notre photo de mariage… » sans insister sur les difficultés de son époux, Marie évoque avec Jean les souvenirs de leur mariage.

 

La prosopagnosie est un symptôme fréquent dans la maladie d’Alzheimer. Il s’agit d’une difficulté à reconnaitre ses proches, qui n’a rien à voir avec l’affection que l’on porte à la personne. D’un jour à l’autre, cela peut varier d’une personne à l’autre.

N’hésitez pas à parler, vous présenter quand vous arrivez auprès de votre proche car même s’il ne reconnait pas votre visage, il peut reconnaitre votre voix.

 

Votre proche peut également ne plus se reconnaitre dans le miroir. Dans ce cas, n’hésitez pas à recouvrir les miroirs d’un tissu ou à les enlever et ne conservez que le nécessaire pour la toilette.

 

L’apraxie

- Marie : « Mais enfin tu as encore mis ton pull à l’envers ? »

 

Jean ne parvient plus à s’habiller seul. Il lui est très difficile de boutonner sa chemise, d’enfiler ses chaussettes. Il ne met plus de ceinture car il ne sait plus comment la positionner correctement sur son pantalon.

Les zones du cerveau qui contrôlent les gestes ne fonctionnent plus correctement.

 

Marie ne comprend pas cela et ne peut s’empêcher de faire des remarques à Jean, qui est donc devenu apraxtique :

 

Jean n’écrit plus comme avant. Son écriture est devenue très petite, parfois difficilement compréhensible.

Sa femme est souvent gênée devant les autres et remplit désormais les chèques à sa place :

 

- Marie : « Laisses moi remplir le chèque Jean, il faut faire vite car il y a du monde qui attend derrière nous ».

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